تقرير حول مدينة الشابة: أعده ضابط استعلامات فرنسي سنة 1884.

تقرير باللغة الفرنسية حول مدينة الشابة سنة 1884 : أعده ضابط استعلامات فرنسي ، يحتوي التقرير على عدة معلوات ذات أهمية تاريخية كبيرة حول الحياة بالمدينة آنذاك إلى جانب تشخيص دقيق لمكونات البلدة الجغرافية والبشرية والاقتصادية والدينية والإدارية….كل الشكر والتقدير للسيد الهادي البعطي الذي أمدنا بنسخة من هذا التقرير القيم.

Renseignements sur la ville de la Chebba
Sfax le 12 Mars 1884
Le chef du service des Renseignements
Signé Lamy
Vu le Le. Lt Colonel Commandant supérieur du Cercle
Signé Corréade


Division d’occupation
Subdivision de Sousse
Cercle de kairouan
Annex de sfax
Caïdat de Sfax et Beldan
Ville de Chebba
Historique de la tribu, ses éléments constitutifs.
La ville de la Chebba est située à l’entrée d’une presque île qui se termine par le Bordj Kadija et le cap du même nom. Elle se compose de la ville de Chebba, proprement dite, et du faubourg des SBIHA à très peu de distance vers l’Ouest La population de Chebba et de Sbiha se divise de la manière suivante:
1. Les Beldis qui se disent originaires du pays même qui prétendent descendre des anciens maîtres du sol, sont placés sous le commandement de deux cheikhs dépendant directement du Khalifa de Sfax.
2. Les Zouaouas descendant de Khdija et d’un indigène venu de l’Ouest. (Gharbi) sont placés sous le commandement d’un autre cheikh.
3. Quelques Metellithes étrangers installés en ville.
La plus grande part de la population se compose de Beldi; les Zouaouas viennent ensuite et les étrangers ne forment que l’infime minorité.
Comme les habitants de Sfax, de Djebeniana et des autres villages de la région, les Beldis de Chebba se donnent comme descendant des anciens propriétaires du sol ils seraient donc des Berbères. Cette petite ville se compose de 200 maisons environs, Chacune d’elle ne comporte qu’un rez-de-chaussée
La plupart d’entre elles ont un corps d’habitation et une très grande cour entourée d’un mur élevé où se tiennent les troupeaux et tous les animaux domestiques. Elles sont généralement mieux construites qu’à Djebeniana, quelques-unes même sont suffisamment propres. Tout le territoire a une grande distance est Melk des habitants de Chebba. Il y a quelques années à peine il s’étendait jusque dans les environs de Ksour Essef presque de l’oued Ndjila, mais à la suite de contestation avec les habitants de cette ville le gouverneur de Monastir Mostafa Khaznadar dont dépondait Ksour Essef, intervient et déplaça la limite au détriment des gens de Chebba dont quelques-uns sont obligés d’aller payer l’achour à Monastir pour les terres qui payaient avant à Sfax.
Les Beldis de Chebba se subdivisent en plusieurs fractions :
 Elchorfa
 Ouled bou abdallah
 Ouled Zouaoui (Ouled Ali – Ouled Fraj – Ouled Ramdan – Ayaida)
 Djebirin
 Chenagia
Tous ces indigènes sont placés sous le commandement de deux Cheikhs, Mohamed Ben Slama et Salem Ben Ali Ben Nasseur, à qui ils payent les impôts qui sont ensuite portés au khalifa de Sfax, El hadj Mohamed El Fendri.
Depuis 1875 environ Mohamed Djellouli, Caid de Sfax avait établi un khalifa qui commandait au-dessus de ces cheikhs, aux Beldi de Chebba aux Zouaoua et au village de Melloulech, situé à 11 kilomètres environ vers le sud-ouest.
A la suite de réclamations formulées contre ce khalifa, El Hadj Hassin Ben Slama une enquête fut faite par le bureau de renseignement de Sfax, et ce fonctionnaire fut destitué par ordre supérieur, il y a dix mois environ. Depuis cette époque l’emploi de khalifa s’est trouvé vacant, il n’y a aucun motif pour qu’on le rétablisse c’était un rouage absolument inutile.
Les Beldis se répartissent de la manière suivante entre les deux Cheikhs de Chebba.
-El Chorfa (partie)
-Ouled abdallah Cheikh
Mohamed Ben slama
-Ouled Zouaoui Ouled Ali
Ouled Fredj
Ouled Ramdan
Ayaida
-Djebirin
-Chenagla
-Elchorfa (partie) Cheikh
Salem Ben Ali Ben Naceur
Comme on le voit, les Cheiks ne commandent pas à des fractions bien distinctes: ils ont sous leurs ordres des indigènes de Chebba qui ont voté pour eux, et non pas par telle ou telle fraction en particulier.
La sous fraction de Chenagla habite en entier à Djemmal et à kour-es-sef dans le sahel, quoi qu’elles soient originaires de Chebba et qu’elles payent l’impôt “Medjba” au cheikh Salem de cette ville.
Les Zouaouas de Chebba sont administrés par le Cheikh Ahmed Ben Brahim et commandés par le Bou Lakbech khalifa Ben Ali Chouchan. Ces Zouaouas, dont la légende sera racontée plus loin, étaient chargés, jusqu’à l’avènement du Bey Mohamed Sadok d’assurer la garde de borj Khadija situé à quatre kilomètres environ vers l’est à l’extrémité de la presqu’ile de Chebba. Cette presqu’ile est prolongée par deux petites iles; elles séparent les eaux de Mahdia de celles de Sfax: au nord la côte est longée de très près par des dunes assez élevées, la mer y a une profondeur assez considérable, les navires même d’un fort tonnage peuvent s’approcher du rivage, tandis que sur la côte sud, on ne trouve assez de fond pour les bâtiments qu’à une grande distance; la marée, en se retirant laisse à découvert des espaces considérables.
Le cap Khadija sépare donc deux mers, absolument distinctes. Celle du nord, très difficile en hiver pour la petite navigation côtière, celle du sud toujours bonne, tranquille, et sillonnée par de nombreuses barques de pêche, mais impraticable pour les gros bâtiments.
Un bordj arabe et une tour d’une assez grande hauteur terminent ce promontoire.
Un feu pouvait y être allumé comme on la dit, la garde en était confiée aux Zouaouas, ceux-ci avaient pour mission en outre de signaler les corsaires et les pirates qui venaient faire la course dans ces parages, saluer les bâtiments amis qui passaient en vue, fournir de l’eau et des provisions à ceux qui en réclamaient..
Les Zouaouas étaient divisés en groupes de vingt-quatre qui étaient relevés tous les six mois. A la fin de leur garde, ils recevaient une rétribution qui se composait de:
14 kefiz de blé soit 7000 kilog= environ
14 Mtar d’huile soit 280 à 300 kilog=d’huile
250 piastres soit 150 francs
Qu’ils partageaient entre eux.
De plus, ils étaient exempts d’impôt Medjba, ils ne payaient pas également de droit de vente ou lezem du marché. Tous ces privilèges ayant été supprimés par le Bey Mohamed Sadok, les Zouaouas abandonnèrent le borj Khadija, qui tombera bientôt en ruine si l’on n’y prenne pas garde.
Ils habitent à la Chebba et à Sbiha au milieu des Beldis avec qui ils se confondent. Ils ne payent que vingt piastres et demie, de Medjba par an. Sauf le Bou Lakbech qui en verse trente et demi et le cheikh qui ne paye pas du tout.
Une dizaine de Zouaoua sont allés habiter Ksour Essef, mais ils continuent à dépendre de leur cheikh à Chebba.
Ils se subdivisent en quatre fractions:
1. Ouled Belgacem El Borgi
2. Ouled El Mabrouk El Borgi
3. Ouled Hamida El Borgi
4. Ouled El Hadj Rehouma El Borgi
Légende des Zouaouas de Chebba
Il y a deux ou trois cents ans, un voyageur arriva un jour à l’endroit appelé aujourd’hui borj Khadija sans que l’on sût d’où il venait et comment il avait exécuté son voyage. Interrogé par les gens de Chebba, il répondit qu’il venait de l’ouest et qu’il se dirigeait vers l’Est mais que puisque la mer l’empêchait de continuer son voyage, il attendrait à ce point que le passage redevienne libre. Ce fut la seule réponse, que l’on pût obtenir de lui.
Il s’installa alors dans la ruine qui se trouvait à l’extrémité de la presqu’ile, et il y serait mort de faim si les gens de Chebba ne lui avaient pas envoyé des vivres chaque jour, des jeunes filles lui apportaient sa nourriture en venant prendre de l’eau aux sources qui sont près du borj Khadija. Un jour la jeune Khadija ne rentra plus chez elle, ses parent la firent rechercher et apprirent qu’elle s’était attaché au solitaire et qu’elle voulait partager son sort.
En quelques années elle mit sept garçons au monde.
Les indigènes des environs voyant prospérer. Cette famille, la considérèrent comme favorisée des cieux et la laissèrent réédifier le borj et la tour où l’étranger avait élu domicile.
Les marins de toutes les nations qui passaient en cet endroit y recevaient toujours l’hospitalité la plus entière, lorsqu’ils partaient on leur donnait tous ce dont ils avaient besoin.
La réputation de Khadija devint universelle. Mais le malheur fondit bientôt sur elle ; son mari mourut, puis successivement trois de ces enfants suivirent leur père.
Les gens de Chebba qui l’avaient jusqu’alors respectée et vénérée, s’acharnèrent contre elle, et voulurent lui faire quitter le pays. Khadija, ayant déclaré qu’elle n’abandonnerait point l’endroit où elle avait donné le jour à ses sept garçons, ses persécuteurs allèrent trouver le Pacha qui régnait à cette époque à Mahdia, et se plaignirent à lui qu’une femme et ses enfants s’étaient établis dans une propriété qui ne leur appartenait point et qui aujourd’hui ils ne voulaient plus la quitter. Le pacha de Mahdia fit appeler Khadija et ses quatre enfants et leur demanda pourquoi ils ne voulaient point rendre le bien d’autre. La femme répondit qu’elle était venue au borj dans sa jeunesse qu’elle y avait enfanté sept garçons que trois y étaient enterrés à côté de son mari, et qu’elle n’abandonnerait pas cet endroit, de plus, elle ajoutait que tous les navigateurs du monde la connaissaient, que tous y avaient été reçus comme des frères et qu’ils attesteraient la vérité de ses paroles. Le pacha de Mahdia qui était un homme juste, fit mettre au secret les accusateurs de Kadija, et dit, à celle ci de lui amener des gens la connaissant, elle se rendit aussitôt dans le port de Mahdia, ou étaient justement en ce moment de nombreux marins de toutes les parties du monde qui la reconnurent, et vinrent affirmer au Pacha tous les faits qu’avait avancées leur bienfaitrice.
Celui-ci décida alors que la nommée Khadija et ces enfants continuerait à habiter au bordj qu’ils en assureraient la garde, et qu’en échange les gens de Chebba, leur fourniraient les vivres. Les quatre fils de Khadija, Belgacem, Mabrouk, Hamyda, et El hadj Rehouma demeurèrent donc en cet endroit, y prospérèrent et furent l’origine des quatre fractions actuelles des Zouaoua,
Orographie et Hydrographie du pays
La ville de Chebba comme il a été dit, est située à l’entrée d’une petite presqu’ile. Tout le pays aux alentours forme une vaste plaine limitée au nord par les dunes longeant la côte et s’élevant graduellement depuis le bori Khadija et Sidi Abdallah a l’ouest cette plaine est séparée du bassin de …… indigènes sous le nom de Argoube Elgber.
Cette arrête se prolonge dans la mer en formant presqu’ile elle se termine par deux Iles appelées Dzirat Mta Elgber.
Au sud la plaine de Chebba est limitée par la mer la côte n’y a aucune élévation, au moment des fortes marées ; les espaces alternativement couverts et découverts par des flots sont considérables, par les très mauvais temps le rivage est complètement submergé, et il s’y forme des étangs ou Chott qui disparaissent ensuite. Le sol est pierreux au côteau Elgaber sur la route de Melloulech, au nord du Hinchir Abdallah et il est en partie rocailleux au village même de Chebba, tout le reste du pays possède un fond de sable recouvert de très peu de terre végétable. Aucun cours d’eau dans toute cette région. Au moment des grandes pluies du printemps ou de l’hiver, les eaux se trouvent sans écoulement le terrains se détrempe et devient mauvais dans les environs de l’argoub El Gaber, ou bien encore forme des marécages à Hinchir Abdallah qui devient difficile à franchir, la durée de leur écoulement et assez longue, lorsqu’il y a quelques jours qu’elles ont séjourné sur le sol elles s’imprègnent de sel de soude et de magnésie, et deviennent saumâtres..
L’on ne trouve en temps ordinaire aucune source d’eau courante. Cependant, à une faible profondeur sous le sol on rencontre deux courants d’eau: l’une d’eau douce et potable, l’autre d’eau salée …… dans la cour: tous ces puits ont de l’eau saumâtre, les animaux n’en boivent généralement pas cependant on en remarque quelques-uns dont l’eau se laisse boire par les ânes, les chameaux et les bœufs.
Les puits d’eau douce sont en dehors de la ville, dans les jardins, ils ont une profondeur qui varie entre 5 et 10 mètres. L’eau s’y trouve en grande quantité. Le plus important est celui dit Bir Dhifallah, près de la ville, et ou presque tout le monde va chercher de l’eau et abreuver les animaux, il a 8 ou 9 mètres de profondeur, et contient de l’eau en assez grande quantité même par les années de forte sécheresse. En résumé, Chebba ne possède guère qu’une dizaine de puits d’eau potable dans les jardins, tandis qu’elle en a 150 autres qui servent à l’arrosage seulement.
La petite ville de Chebba ne renferme que puits de citernes, pas d’ogla dans ses environs immédiats. Les grandes routes conduisant du sud vers le nord, de Sfax au Sahel ou à Sousse, ne passent point par Chebba, elle laisse cet endroit à une assez grande distance vers l’est. D’ouest tous les chemins y conduisant sont donc des voies de communication d’intérêt local. Ils sont moins bien tracés et plus difficiles que les autres, cependant les voitures (Arabas) peuvent les parcourir presque partout.
De Chebba deux sentiers se dirigent vers le sud-ouest dans la direction de Sfax par Melloulech, le premier, par Henchir Abdallah, le plus rapproché de la mer, devient difficile au moment des pluies; l’eau n’y trouvant pas d’écoulement, mais lorsque le terrain est sec, il est plus suivit que l’autre, quoique un peu plus long parce qu’il est beaucoup moins caillouteux. Le deuxième au nord du précédent, plus direct que lui, est plus mauvais, il est en grande partie caillouteux et mauvais pour les chevaux et mulets, cependant au moment des pluies on est obligé de le suivre, l’autre étant submergé. Un troisième chemin se dirige vers le nord-ouest, il met Chebba en communication avec Ksour Essef, Mahdia et le Sahel. Il longe le versant ouest des dunes qui le séparent de la mer quoiqu’un peu plus accidenté que les précédents, il est cependant praticable aux arabas.
Le sol assez bon, y est en partie sablonneux. On trouve encore à Chebba quelque sentiers conduisant dans les jardins ou dans les dunes, ils sont sans importance ils n’offrent qu’un intérêt médiocre.
La principale culture du pays est celle de l’olivier.
La ville de Chebba est entourée d’une assez grande quantité de ces arbres qui y poussent d’autant mieux que le sous-sol est assez humide. Ces oliviers sont généralement bien soignés, en été ils sont arrosés avec l’eau provenant des nombreux puits qui se trouvent dans les jardins.
On y cultive également l’orge et le blé, mais en petite quantité ils suffisent à peine à la consommation des habitants.
A la fin de l’hiver et au printemps on y sème quelques légumes, principalement des carottes, des fèves et des navets.
Chebba renferme plusieurs moulins à huile qui donnent d’assez beaux produits lorsque l’année est bonne et la récolte abondante, mais qui se trouvent sans travail les mauvaises années c’est-à-dire presque toujours an sur deux.
Les oliviers du territoire de Chébba appartiennent aux indigènes à titre Melk très peu sont Habes, les uns et les autres sont soumis à l’impôt. Kanoun Zitoun, qui est de six Karoubes par olivers de petite taille et d’un demi-Real ou 8 Karoubes pour l’arbre de plein apport, que l’année soit bonne ou mauvaise.
Deux Italiens sont installés en ce point depuis de longues années, ils se livrent à la culture de l’olivier et ils sèment quelques céréales: Ces Européens ne possèdent pas des moyens suffisants pour introduire des améliorations sensibles dans l’agriculture.
Le consul d’Italie à Sfax a à Chebba, environ 2000 pieds d’oliviers; des innovations pourraient être introduites par lui ce qui serait un bienfait pour les indigènes qui essayeraient de les mettre également en pratique de leur côté; malheureusement ses propriétés sont peu surveillées et presque abandonnées aux mains d’un fermier ou oukil, frère du Sheikh des Zouaoua de cette localité.
Industrie
Chebba, comme la plus grande partie des petites villes arabes est dépourvue de toute industrie pouvant lui donner un caractère spécial ou être pour elle une source de bénéfices importants.
Quoique la population de cet endroit soit plus laborieuse que celle de Djebeniana par exemple, elle ne s’y livre pas à ces mille petits travaux, à ces petites industries qui contribuent toujours coup à faire monter le niveau de la fortune publique.
Comme partout ailleurs les femmes tissent des étoffes de laine assez grossières ne sortant pas du pays même.
Cependant à Chebba, les gens pauvres vont camper dans les broussailles que l’on trouve aux environs de cette ville appelées Kabab de Chebba et y font du chardon avec les racines et les troncs de lentisques.
Quoique ce produit soit de qualité tout à fait inférieure, il vaut cependant la peine d’être transporté à Sfax ou à Mahdia où il trouve un écoulement faute le bois y ayant un prix très élevé. Ce charbon est transporté dans ces deux villes soit en barque soit à dos de chameaux.
Commerce
Chebba ne possède pas un jour de marché par semaine comme la plupart des villes du nord. Elle renferme quelques petits magasins qui s’ouvrent tous les jours et qui fournissent aux habitants les denrées et objets de première nécessité.
Malgré la distance assez grande qui sépare Chebba de Sfax, les relations entre ces deux villes sont assez fréquentes, les approvisionnements de la première nécessite se renouvellent principalement à Sfax.
Cependant en été, lorsque la mer est bonne, des petits bâtiments vont aussi fréquemment chargés des denrées alimentaires, des fruits ou même des légumes dans les petits ports de la côte jusqu’à Hammamet et Nabeul.
Une des causes qui donnent à Chebba une plus grande animation qu’aux petits villages de l’intérieur, c’est le port qui s’y trouve. Malgré la distance de 1500 m ou 2000 mètres qui sépare ce port de la ville, quelques habitants sont néanmoins propriétaires de barques qui sont occupées soit aux pêcheries qui s’étendent jusqu’à une assez grande distance en mer et qui sont assez productives, soit au transport du charbon ou de l’huile à Sfax.
Les navires d’un tonnage important sont obligés de jeter l’ancre à une grande distance du rivage à cause du manque de fond, aussi ne viennent-ils que rarement relâcher en ce point, ils préfèrent s’arrêter sur la côte nord de la presqu’ile entre Sidi Abdallah et le borj Khadija où la mer à une grande profondeur, et où ils ne sont pas gênés par la marée. Le second port à l’inconvénient de n’être pas sûr: au moindre vent ou est obligé de lever l’ancre et de venir chercher un abri au sud de la presqu’ile.
Ressources et richesses du pays.
Les gens de la Chebba plus industrieux et plus laborieux que la généralité des arabes possèdent également des ressources plus nombreuses. Quoique le sol dans les environs ne soit pas très fertile on trouve du blé en assez grande quantité, l’orge est plus rare, les habitants de la ville possèdent peu de chevaux et mulets.
Lorsque les années sont mauvaises et que le céréales manquent, ils vont acheter dans le nord et les rapportent chez eux, soit à dos de chameaux soit en bateau.
En général, l’huile s’y trouve en assez grande quantité, elle constitue la partie la plus importante de la fortune de cet endroit.
Les animaux de bât et de trait font presque absolument défaut. Les seules bêtes de somme qu’ils possèdent sont les ânes et les chameaux.
Ils n’ont point de voitures.
Au nord de la Chebba, après les jardins d’oliviers le pays est couvert de broussailles composés de lentisques et de bois de Tuya peu élevés, les indigènes l’appellent le Kabab de Chebba (Forêt de Chebba) quoiqu’il ne ressemble à rien moins qu’a une forêt Il est exploité comme charbonnière. On utilise pour cela les troncs et les racines de lentisques seulement; ceux de Tuya n’était point très bons pour la fabrication du charbon. On y trouve également quelques petits oliviers sauvages ou Sebou et des betoum qui sont aussi exploités par les charbonniers.
La coupe de ces broussailles, qui n’avait point été réglementée jusqu’à ce jour, est soumise depuis quelques temps au contrôle de l’administration des forêts tunisienne.
Aucune mine aucune saline ne sont exploitées dans les environs de la Chebba.

Ordres Religieux
Les habitants de Chebba appartiennent en grande majorité à la confrérie de Sidi Mohamed Ben Aissaua les autres à celle de sidi Abdesselam Slaima.
Le Mokadem des aissaua est le cheik Mohamed Ben Slama celui des Slaimia et Kalifa Ben Ali Djeribi, ce dernier est originaire de Tripolitaine, il habite Chebba depuis de longues années c’est un personnage peu important et qui est plutôt occupé des travaux des champs que d’intrigues religieuses.
La population de la Chebba est peu fanatique elle est laborieuse et n’aime pas beaucoup venir perdre son temps à la mosquée.
Elle possède néanmoins une petite mosquée pour la prière. L’Imam est Mohamed ben Fraj Djeribi. Cet indigène occupe sa position depuis peu de temps, il n’a pas encore reçu, d’amra du Bey confirmant cette nomination.
On trouve encore le Marabout de Sidi Abdelouahab à Sbiha, et celui de Sidi Namoun.
A Chebba proprement dit ce sont simplement deux Goubba ou sont entrés les Marabouts de ce nom. On enseigne à lire aux enfants dans plusieurs petites écoles, mais l’instruction n’est pas très répondus. Cette ville ne possède aucun personnage religieux important ou jouissant d’une grande considération; le Mokademe des Aissaoua est en même temps Cheik d’une partie de la population, la notice le concernant sera écrite plus loin.
Les biens Habbés possèdent un certain nombre d’oliviers dans les environs de Chebba. L’oukil Chargé d’en assurer la location et d’en percevoir les revenus pour le compte du Khalifa de Sfax, El Hadj Mohamed El Fendri, et Mohamed Bel Hadj Hassin Ben Salma neveu d’un des Cheikh de la ville. C’est un homme jeune, n’ayant aucune importance par lui-même. Il est sous la dépendance immédiate sous la tutelle d’El Haj Hassin, son père ancien Khalifa du pays, et de son oncle le cheikh, qui exploitent largement cette source de revenus.
Notabilités indigènes
Une des familles les plus importantes de Chebba est celle de Mohamed Ben Slama, Cheikh actuel.
Cet indigène est âgé; il a occupé à plusieurs reprises la position de Cheikh. Il a été destitué plusieurs fois et renommé peu de temps après, à cause de l’influence et de la considération, que sa fortune fui donne au milieu de ces concitoyens; il est Cheikh de plusieurs fractions de la population pour la dernière fois depuis le 26 Rebiaee Chaini 1298…… (Commencement de 1881)
Son frère El Hadj hassin Ben Slama, est également une personne agée ayant occupé les principales fonctions dans cette région.
Le Caid Mohamed Dejellouli vers 1875, avait réuni sous le commandement d’un Khalifa les Cheiks de la ville de Chebba et celui du village de Mellounech. A la suite de réclamation, motivée par des détournements faits à son profit au détriment des gens du pays, El hadj Hassin fut l’objet d’une demande de destitution de la part du commandement supérieur à sfax, à la suite de laquelle on lui enleva son emploi, parfaitement inutile. Personne ne l’a remplacé, les Cheik de Chebba et de Mellounech dépendent directement du Kalifa de sfax. Le fils d’El Hadj Hassin, Mohamed, est loukil des biens Habous. Comme il a été dit plus haut. La famille la plus importante est ensuite celle de Khalifa Ben Ali Chouchan. Le chef de cette famille, appelé Khalifa Chouchan et le Bou Lakbech des Zouaouas de Chebba. Il est à la tête de soff ennemi des autorités tunisiennes, locales il est en lutte continuelle avec les Ben Slama. Cette famille des Chouchan se compose en outre de plusieurs fils du Khalifa qui sont des
hommes d’âge mûr vigoureux, énergiques, intelligents, intrigants mais cherchant à prendre appui sur les Français pour renverser les Ben Slama, Elle a tous temps donné des gages de son attachement à notre cause c’est dans un but intéressé, il est vrai, mais il ne faut pas la négligé, bien au contraire, elle mérite des encouragements. A un moment donné, son concours pourrait devenir très précieux. La deuxième Cheikh de Chebba est Salem ben Ali Ben Nasseur El Ayadi.
C’est un homme jeune encore rival également des Ben Slama, mais n’osant pas intriguer contre cette famille qui est très protégée par le Khalifa de sfax et par Mohamed El Djellouli.
La famille du Cheik Salem a eu plusieurs de ses membres à la tête de l’administration de fractions de Chebba lui-même occupe sa position actuelle depuis le 2 Rebia el thania 1297.(Janvier 1880). Il a donné lieu a peu de réclamations.
Le Cheikh des zouaoua, Ahmed Ben Brahim, est un Homme d’âge mûr, tranquille, tiroré, restant en dehors des intrigues qui peuvent s’ourdir à Chebba. Il craint la famille du Bou Lackbech qui le dénoncerait immédiatement à la moindre de ses fautes.
Ce Cheikh des Zouaoua du Bey; il est simplement nommé par son lioua qui lui a remis une lettre pour l’accréditer à Chebba.
Cette ville possède cinq Adoul:
 Mohamed Ben Slama, Depuis le 24 Heudja 1285.
 El Hadj Hassin Ben Slama depuis le 24 Heudj 1285.
 Salem Ben Ali Naceur
 Salem Chiha Ben Hadj Ali
 Mabrouk Ben Mohamed
Comme on peut le voir trois de ces Adouls ont occupé ou occupent encore des positions administratives: l’un a été Khalifa, les deux autres sont Cheikhs.
On compte encore à Chebba quelques familles jouissantes d’une certaine importance, grâce à leur influence personnelle et à leur fortune, ce sont celle de:
 Mabrouk Ben Hassin Ben Ramadan
 Abdallah Salem Djeribi
 Mohamed Ben Salem Chebbi
 El Hadj Salem Ben Ali Cherif
 El Hadj Abdallah Bel Hadj Ali
 Mohamed Bel Hadj Chaaban
 El Hadj Rejeb Ben Khalifa
 Salah Ben Fegui Mohamed

Fin Signé Lamy

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